Il ne faut pas l’oublier : les poissons et invertébrés que l’on maintient en aquarium sont des êtres vivants. Il est donc essentiel de choisir sa population, et pour cela plusieurs critères sont à prendre en compte pour éviter un grand nombre de catastrophes dans les aquariums. Si la question revient régulièrement sur les forums d’aquariophilie, celle-ci semble trop souvent exclue des conseils de vente face à des aquariophiles en herbe dont la raison d’achat insiste essentiellement sur la couleur, la beauté (parfois subjective), d’une espèce.
Le type d’eau
Ce premier critère paraît évident, mais il est essentiel de fixer quel type d’aquarium est souhaité. On ne peut en effet mélanger des poissons d’eau douce et d’eau de mer, d’eau chaude et d’eau froide. Bien que certains magasins séparent clairement les poissons selon ce critère. On peut néanmoins déplorer l’effet “Nemo” : après la sortie du film, de nombreuses personnes ont acheté ce fameux poisson alors qu’elles possédaient un aquarium d’eau douce.
La qualité d’eau
En intime relation avec le paragraphe précédent, on parle ici des différents paramètres d’eau qui la qualifient : acidité (ou pH), alcalinité (ou KH ou dureté carbonatée), dureté totale (GH), nitrates (ou NO3), phosphates (PO4) entre autre.
En effet, chaque espèce vit dans une eau avec des paramètres spécifiques. Vous pouvez retrouver les besoins des différentes espèces sur internet où l’on trouve de nombreuses fiches descriptives, ou en cas de doute, n’hésitez pas à vous renseigner en boutique. Outre les valeurs des paramètres de préférence dans le milieu naturel, il est également intéressant de demander aux vendeurs les paramètres d’eau de maintenance dans le magasin en question. Certains éleveurs et magasins maintiennent les poissons dans de l’eau aux paramètres légèrement différents des paramètres de l’eau du milieu d’origine.
Pour ajuster les paramètres de l’eau de votre aquarium aux besoins des espèces que vous souhaitez maintenir, il faut dans un premier temps tester les paramètres de l’eau de votre aquarium. Pour cela, il existe les tests bandelettes pour avoir une vision générale sur la qualité de votre eau, et les tests gouttes pour plus de précisions, paramètre par paramètre.
Une fois les paramètres de votre eau actuelle connus, plusieurs produits existent pour les modifier. Vous pouvez également jouer sur le rapport eau de conduite / eau osmosée par exemple.
Le biotope / L’habitat
Le terme biotope, ou habitat, comprend tout ce qui entoure les poissons, à l’origine dans le milieu naturel mais qui est transposable à nos aquariums. La plantation, le substrat, le type de décor mais également les interactions avec les autres espèces sont importants dans le choix des poissons que l’on ajoute dans tout aquarium.
Premier point : la plantation. Alors que certaines espèces ont besoin de plantes pour leur bien-être, d’autres y sont insensibles, et d’autres encore les consomment. Les plantes aquatiques permettent également certaines zones de vie propice à certaines espèces, ou encore les alevins. Les plantes de surface par exemple créent des zones d’ombre, pour les killies notamment, ou les alevins de vivipares. Les mousses aquatiques servent de nurserie pour les alevins de nombreuses espèces, en offrant des espaces inaccessibles pour les plus gros individus. Les Mbunas, grande famille de Cichlidés originaires du lac Malawi en Afrique sont herbivores. Seules les plantes aux feuilles les plus dures leur résistent comme les Anubia et Microsorium.
Le substrat de votre aquarium est également essentiel dans le choix de poissons. Les poissons de fond à barbillons comme les corydoras ne doivent être maintenus sur du substrat abrasif comme le quartz. Certains poissons fouisseurs nécessitent pour leur part du sable fin pour se nourrir (biofilm bactérien, microalgues, microinvertébrés), créer un terrier ou encore créer un site de reproduction.
Autre point important : le décor “en dur” de votre aquarium : racines, roches, décorations artificielles. En plus d’être susceptible de modifier certains paramètres de l’eau (KH, pH principalement), le type de décoration utilisé importe sur le choix des poissons. Il est d’usage de placer des racines pour les aquariums biotopes amazoniens et asiatiques et des roches calcaires pour les Cichlidés africains par exemple.
Les Loricaridés par exemple apprécient le bois des racines, tandis que les Mbunas du lac Malawi brouteront les algues sur les roches. Attention également aux décors artificiels qui peuvent abîmer les nageoires de certains poissons.
Enfin, les interactions avec les autres espèces ne sont pas à négliger lorsque l’on établit la population de son aquarium ou lorsque l’on souhaite ajouter de nouvelles espèces. Dans ce critère, on veillera notamment à la taille, au comportement et au régime alimentaire des différentes espèces présentes / souhaitées.
La taille des poissons
Il est l’un des – si ce n’est LE – plus important des critères de choix de vos poissons. La taille d’un poisson est en effet ce qui est visible en premier, en plus des couleurs qu’il arbore. Le physique est donc le premier facteur auquel on pense lorsque l’on ajoute un poisson dans un aquarium : le volume, les dimensions sont-ils suffisants pour cette espèce ? Cette question relève d’un avis subjectif, bien que l’on peut conseiller des volumes minimaux raisonnables. Un volume inadapté peut conduire à un nanisme spatial. Le comportement et l’alimentation sont à prendre en compte dans ce débat du volume minimal conseillé. Un poisson de fond ou inféodé un terrier ne nécessite pas le même volume qu’un poisson de taille identique de pleine eau, nageant sur la longueur de l’aquarium. Il faut également penser aux relations proies-prédateurs, en lien direct avec la taille des espèces.
Le comportement de l’espèce
Avant tout achat, une question est primordiale. Le comportement du poisson convoité est-il compatible avec mes autres habitants ? Est-ce que les futurs cohabitants vont s’agresser ou rester neutres et s’ignorer. Quel est le comportement territorial de l’espèce? Si les relations intraspécifiques désignent les relations au sein d’un groupe de poissons de la même espèce, les relations interspécifiques constituent le comportement des poissons entre les diverses espèces présentes dans votre aquarium. Une question pendante au comportement est le mode de vie du poisson : vit-il naturellement, en solitaire, en couple ou en groupe hiérarchiquement organisé ?
Il faudra alors adapter l’achat de poissons en tenant compte des réponses à ces précédentes questions. Un mauvais choix va directement provoquer un état de stress si le mode de vie n’est pas respecté, et à ce moment, vous pouvez dire adieu aux si belles couleurs du beau mâle qui parade devant une ou des femelles par exmemple ! Sans respect de la nature du poisson, il ne vous donnera pas sa totale plénitude.
L’alimentation des poissons
Le régime alimentaire et la ration alimentaire journalière, lesquels dépendent énormément de l’activité du poisson, sont à prendre en compte lors de l’achat de nouveaux pensionnaires. L’évocation du nanisme spatial (à différencier du nanisme primordial) devrait découler de ce double paramètre : taille et alimentation due à l’activité. Ainsi, un poisson très actif, se propulsant en permanence dans le courant, dans le plus fort flux d’eau, dépense beaucoup d’énergie, et a, en conséquence, besoin de beaucoup manger. A l’opposé, certains poissons de fond comme les Loricariidés (Ancistrus par exemple) sont peu actifs, nagent peu, et ont nettement moins besoin de calories à taille égale que le poisson nageur cité avant. Et n’oubliez jamais, qu’à l’instar d’un adolescent chez l’Homme, un jeune poisson mange tout autant, ou presque, qu’un adulte !!! Cela relève également le soucis de prédation entre espèces, évoqué précédemment. Avec les différents formats de nourritures disponibles aujourd’hui, il est possible de fournir à de plus en plus d’espèces de poissons une nourriture adaptée tant dans la composition que dans le format.
Pour résumer : avant tout achat de poisson, renseignez-vous d’abord sur lui : sa taille adulte, son origine, son comportement, son régime alimentaire. N’hésitez jamais à approfondir les autres points vous venant à l’esprit.